Les producteurs de pommes de terre répartis dans les quatre centres agricoles et coopératives du SYDIP en territoire de Lubero, notamment les centres de Luotu, Lukanga, Kipese et la coopérative COOAMA de Masereka, témoignent de l’efficacité du projet FO-RI. Ce projet, mis en œuvre depuis 2022, promeut les pratiques agroécologiques pour une gestion plus durable de la fertilité des sols et la lutte contre les ravageurs des principales cultures vivrières (maïs, riz et pomme de terre). Grâce aux pratiques culturales innovantes du projet, les bénéficiaires, dans la filière pomme de terre, connaissent une production florissante et abondante qui booste leur capacité économique. C’est le constat réalisé lors d’une mission effectuée le mercredi 4 septembre par l’administration du SYDIP.
Kambale Muvunga Norbert, environ 60 ans, père de famille et producteur de pommes de terre au village Kaseghe, dans le centre agricole de Luotu, témoigne : il y a un an, grâce aux pratiques agroécologiques intégrant l’utilisation d’engrais organiques, son rendement a doublé par rapport aux années précédentes. Cet essor lui a permis de subvenir aux besoins familiaux, notamment la scolarité de ses enfants.
« Ce que nous avons appris grâce à ce projet nous a permis d’améliorer nos techniques culturales. Actuellement, grâce à ma production, je scolarise mes cinq enfants, tant à l’école primaire qu’au secondaire. Avant, nous n’utilisions pas les engrais organiques, pourtant efficaces pour une agriculture rentable. À chaque endroit où je dépose la semence, j’y mets d’abord de l’engrais, ce qui a fertilisé le sol de mon champ. Depuis, d’autres cultures, en plus de la pomme de terre, poussent sans difficulté et abondamment. J’apprends également ces techniques à mes enfants pour que mes champs leur servent après moi », a-t-il déclaré.
Rencontrée en plein entretien de son champ situé à Vutomo, au village Lukunga, Masika Yvette, environ 50 ans, a bénéficié des séances de formation menées par le SYDIP sur les pratiques agroécologiques dans la culture de la pomme de terre.
« Je suis accompagnée par les animateurs du projet FO-RI, à travers le SYDIP. Ils m’ont appris à cultiver en utilisant des engrais organiques. Le résultat est satisfaisant, comme vous pouvez le constater : mes plantes poussent bien, et elles ne sont pas rongées par des insectes. Je conseille aux autres cultivateurs d’adopter ces pratiques pour que, tous ensemble, nos champs produisent pour le bien de toute la communauté. »
Non loin d’elle, Kakule Kambale Muunga Mali, cultivateur au centre agricole de Lukanga, a récolté l’année dernière une abondante production de pommes de terre dans un champ autrefois infertile. Les nouvelles pratiques culturales agroécologiques apprises dans le cadre du projet FO-RI lui ont permis d’accroitre le rendement de son exploitation.
« Je suis tellement reconnaissant de l’accompagnement dont nous bénéficions. Autrefois, nous ignorions des techniques innovantes comme celles que le projet FO-RI nous enseigne. Nous surexploitons nos champs sans relâche, et il est arrivé un moment où je ne produisais plus rien. Mais depuis que j’ai appris à utiliser des engrais organiques, mes champs produisent abondamment. Désormais, je n’ai plus à me plaindre de la crise, de la famine, ou d’autres problèmes. J’encourage les autres cultivateurs de Lukanga à rejoindre le centre agricole du SYDIP pour qu’ils puissent bénéficier de ces techniques, essentielles pour une production de qualité », a-t-il exhorté.
Le secrétaire général du SYDIP, monsieur Sage Masinda, a salué l’assimilation et l’intégration par les producteurs des notions apprises sur les pratiques agroécologiques, contribuant à une gestion plus durable de la fertilité des sols et à la lutte contre les ravageurs des principales cultures vivrières.
« Nous suivons différentes étapes dans la mise en œuvre des activités. La première consiste à recueillir les préoccupations, à identifier les problèmes à traiter avec les producteurs intéressés par la recherche-action. Une fois cela fait, nous formulons et validons les thèmes d’expérimentation avec les producteurs. Ensuite, nous définissons et validons ensemble les protocoles d’expérimentation. La mise en œuvre des expérimentations suit, et enfin, nous analysons et traitons les données pour évaluer les résultats obtenus. Cela nous permet de tirer des conclusions pour savoir si une expérimentation a bien fonctionné ou non. Je précise qu’ici, à Lukanga, l’an passé, nous avons mené une première expérimentation qui a donné des résultats satisfaisants. La deuxième expérimentation, en cours, nous permettra de confirmer ou d’infirmer les résultats précédents. Tout cela se fait en collaboration avec le centre de recherche CERAVEG, rattaché à l’Université Catholique de Graben, et avec la participation active des producteurs », a-t-il expliqué.
Notons que la mise en œuvre du projet FORI fait intervenir 4 organisations paysannes du Nord-Kivu dont SYDIP en territoire de Lubero pour la filière pomme de terre, LOFEPACO en territoire de Beni dans la filière riz, COOCENKI en territoires de Rutshuru et Lubero pour la filière maïs et la FOPAC en territoires de Masisi et Nyiragongo pour la filière pomme de terre. Ce projet touchera au 460 producteurs et productrices agricoles parmi lesquels des femmes et des jeunes âgés de 18 à 35 ans. Le SYDIP travaille actuellement avec 90 producteurs dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu, avec le soutien financier de l’Union européenne et le soutien technique du Collectif Stratégies Alimentaires (Csa), une Ong Belge.